Maison & Jardin sous les pins

Un projet architectural et paysager inséré dans son environnement naturel

Comment construire une maison contemporaine et aménager un jardin sous une pinède typique du Golfe du Morbihan ? 

L’atelier a tout d’abord défini l’implantation de la future maison afin de dénaturer le moins possible l'environnement et de profiter d’un maximum de vues et de lumière.

La maison est idéalement orientée vers le sud/sud-ouest : la terrasse peut ainsi profiter des derniers rayons qui projettent sur le sol les ombres longilignes des troncs.
De grandes baies cadrent ces tableaux vivants à l'intérieur. On profite alors du confort de la maison tout en étant immergé dans ce sous-bois idyllique.

Il fallait anticiper le futur de cette pinède monospécifique menacée par les incendies, les chenilles processionnaires, l'armillaire ou l'appauvrissement des sols. Une majorité des pins ont été conservés mais certains ont dû être abattus. Les chênes pédonculés, chênes verts et châtaigniers ont été élagués afin de laisser entrer la lumière dans le jardin.

Les clients souhaitaient conserver l’atmosphère de sous-bois tout en profitant d’un jardin dense et naturel qui leur demande peu d’entretien.

Le projet se situe à proximité directe d’une zone humide protégée et abrite plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs et limicoles spécifiques du Golfe du Morbihan. 

Divers diagnostics et une étude paysagère approfondie ont donc permis de sélectionner un corpus varié de plantes locales ou mellifères, de caduques et de persistants, de tailles, feuillages ou périodes de floraisons différentes qui rappellent la diversité des écosystèmes bretons.

Les Acacia dealbata (mimosa d’hiver) et les Prunus laurocerasus (laurier cerise), reconnus comme invasifs et pourtant encore largement vendus dans les pépinières de la région, ont été méthodiquement arrachés.

Espèces locales et diversifiées

Plusieurs grands arbres d’espèces locales ayant un intérêt pour la faune sont plantés (divers Sorbus, Fagus). Plusieurs espèces (Acer campestre, Quercus rubra américain, Nothofagus néo-zélandais) ont été sélectionnées pour que leurs feuillages de couleurs vivent égayent un sous-bois un peu triste en basses saisons.

Les haies devaient protéger du vis-à-vis et donner l’impression que la forêt continue au-delà des limites de la parcelle. Des merlons - talus réutilisant la terre végétale issue du terrassement de la maison et mélangée avec de la cendre, chaux ou apports organiques - sont donc créés afin de surélever les massifs brise-vues, d’enrichir un sol drainant, trop pauvre et trop acide et d'empêcher le ruissellement des eaux superficielles vers les maisons en contrebas.

La région faisant face à un stress hydrique, les eaux pluviales sont collectées sur la toiture de la maison et stockées dans son vide-sanitaire, permettant un arrosage goutte à goutte très économe.

Axel Aucouturier, ayant exercé plusieurs années en Nouvelle-Zélande, il a utilisé des espèces originaires de là-bas et qui sont déjà largement acclimatées à la côte du Morbihan. Dans les espaces ensoleillés, il a ainsi créé des écrans combinant des arbustes à croissance rapide présentant de très beaux feuillages persistants qui évoluent selon les saisons : plusieurs variétés de Pittosporum, quelques Photinia verts-pourpres ou le superbe Dodonaea viscosa 'Purpurea'.

Afin de ne pas donner une impression de "jardin botanique" trop exotique, le projet restreint l’index de plantes à quelques genres botaniques spécifiques parmi lesquels on a choisi plusieurs espèces et variétés.

La majorité des arbustes sont indigènes ou déjà bien présents en Bretagne : Erica spp. (bruyères arborescentes et d’hiver), Cytisus et Ulex (genêts et ajoncs, des fixateurs d'azote très utiles à leurs voisins et qui forment des haies infranchissables), Rhamnus alternus et R. frangula (les oiseaux apprécient leurs petites fruits noirs en hiver), pruneliers (notamment Prunus spinosa typique de la côte et qui se couvre de fines fleurs blanches parfumées dès mars), une combinaison de 4 espèces et autant de variétés de Viburnum (très vigoureux sous les pins, d'un intérêt écologique certain et présentant des inflorescences blanches ou roses en formes de corymbe), ainsi que plusieurs variétés d'Arbutus (arbousiers) et d'Euonymus (fusain) en complément de ceux déjà présents sur le terrain.

Ces espèces communes sont plantées en groupes denses de 2 à 4 individus non alignés et de différentes tailles. Pour les révéler, les haies sont parsemées d’espèces exceptionnelles : Aruncus aux doigts blancs, Cornus aux écorces rouge à jaune, Cytisus 'Boskoop ruby' (genêt), Pieris japonica ou des cultivars de Camellia adaptés à l'ombre et dont les grandes pétales blancs-roses se marient avec les baies rouges d’au moins 4 espèces de houx (Ilex spp. forment de beaux écrans l’hiver).
Cet arrangement plus ou moins libre de masses répétées qui se fondent entre elles et qui sont constellées d’individus remarquables rappelle les organisations que l’on peut trouver dans les milieux sauvages.

Un jardin à vivre toute l’année

La cliente étant sensible aux allergies, le programme paysager ne contient que des espèces non allergènes, limitant le choix des arbres et des graminées.

D’un point de vue graphique, les feuillages sont d’une belle diversité de couleurs, formes, tailles, textures et reflets. Les floraisons des arbres et des arbustes proposent un vaste camaïeu de blanc pur, rose léger, rouge vif allant jusqu’au pourpre intense.

À proximité de la maison se développent des massifs de divers plantes de sous-bois : fougères (Polystichum, Dryopteris, Polypodium), bulbes, rhizomes et couvre-sols vivaces (Iris japonica, Geranium Macrorrhizum 'White Ness' par exemple).

Des ouvertures dans la canopée, le sud de la maison ou les cheminements entre la rue et la maison au nord profitent d'une plus grande exposition au soleil et permettent d'élargir la palette chromatique et architecturale des plantes.
Ces zones permettent de développer des massifs sur plusieurs plans avec les habituels Hydrangea et Ceanothus combinés avec des arbustes bas : Gaultheria procumbens, Skimmia japonica, Hebe néo-zélandais, cistes méditerranéens.
Ces massifs sont entourées de graminées et bruyères des landes bretonnes ainsi qu'une large palette de vivaces de collines et de prairie, plus folles et colorées : Calluna, Astilbe chinensis ‘Visions in pink’, Salvia microphylla, Euphorbia myrsinites, Geranium rosat, Erigeron karviskianus, Eremurus, Stachys, diverses espèces d'Helichrysum et variétés de Gaura lindheimeri.

Le résultat est un jardin coloré, écologique et naturel qui s’insère avec sensibilité dans son environnement.

Évolution du couvert bâti & végétal :

Les fonctions définissent la forme

Le projet est pensé par séquences : du public vers le privé. Les circulations autour et dans la maison définissent son implantation, ses accès et ses dallages extérieurs ainsi que l'articulation des différents espaces intérieurs entre eux. La maison s'isole de la rue au Nord en y plaçant l'entrée, le garage et les pièces techniques pour ouvrir les pièces de vie et les chambres au Sud vers le soleil, la végétation et la vallée. C'est une "cabane pour adulte" qui souhaite s'isoler du tumulte urbain pour profiter des faveurs de la nature.

La volumétrie est compacte afin de se rapprocher d'une exigence thermique de PassivHaus. La maison est organisée en 3 ailes bien visibles en façade. Deux espaces extérieurs couverts (entrée et terrasse sud) sont matérialisés par des colonnes en béton brut dont la forme élancée dialogue avec les lignes verticales des pins.