Parc dans les Landes de Lanvaux

 

Localisation : Landes de Lanvaux, Morbihan (56)
Programme : Masterplan paysager d’un domaine comprenant plusieurs aménagements :
- Revoir les chemins d’accès aux bâtiments,
- Recréer un jardin productif (potager et verger),
- Compléter le jardin d’ornement (ballade en sous-bois),
- Restauration de prairies et d’une plantation forestière en “Chaos botanique” agissant comme réserve naturelle.
Superficie : 1,7ha

 
 
Axel Aucouturier - Ophiopogon planiscapus 'Nigrescens', Hamamelis 'Brevipetala'

En février, les branches des Hamamelis x ‘Brevipetala’ s’illuminent comme des phares au-dessus d’une mer déchainée d’Ophiopogon planiscapus ‘Nigrescens’.

 
 
Axel Aucouturier - Astrantia_major_Rubra_Kirengeshoma_palmata_Anemone
 
Axel Aucouturier architecte paysagiste - Plan masse paysager, dessin main noir et blanc Landes Lanvaux Morbihan 56

Masterplan paysager

Les relevés et inventaires réalisés en phase Diagnostic a permis d’identifier différents écosystèmes et lieux au sein de cette propriété de 1,7ha.
Un Masterplan de grande dimension est réalisé à la main mêlant croquis sur place et recherches approfondies (voir plan en bas de cette apge).

Prévus pour être mis en oeuvre en phases successives, les espaces réaménagés recréent une diversité de typologies paysagères : circulations (existantes ou remaniées) menant aux bâtiments et vers leur périphérie, jardin d’ornement, jardin productif (potager et verger) à proximité de la maison principale, prairies indigènes de faible entretien, et des dépendances ainsi que des champs bordés de chênaies/hêtraies au nord.

Cet ancien domaine agricole - ayant poursuivi un modèle industriel durant plusieurs décennies - est repensé pour retrouver le modèle ancestral de la villae rusticae que l’on devine partout dans l’urbanisme des environs : concentration d’une ou plusieurs habitations, d’un domaine multi-productif, lieu de réception et de commerce dans un paysage d’exploitation en constante évolution (cycles agricoles, sylvicoles, élevage).

L’objectif est simple : révéler la beauté de ce qui est productif.
C’est objectif est en vérité éminemment complexe.

Nous avons fait le choix ambitieux de dire que ce qui est évident, logique, est beau.
L'écologie dirige l’agronomie.
Dans un territoire de landes (sol faiblement productif à vocation sylvicole), c’est la géologie, l’hydrologie ou la lumière qui définissent le projet.
Ce qui est pauvre ici (champs compactés largement érodés, plantations alignées, parterres topiaires malades) doit devenir riche.

Dans un paysage non remembré qui connaît difficilement la ligne droite, nous avons débuté notre intervention par la transformation/réhabilitation des ouvrages les plus polluants et gênants visuellement.
Un champs d’élevage bordé de taillis de feuillus est transformé en labyrinthe écologique inspiré des chaos géologiques au coeur de la culture bretonne.
L’objectif est ici de restaurer les sols, les eaux et les dynamiques écosystémiques afin de recréer un ilôt de vie sauvage et servir le reste de l’exploitation agricole alentour.
Le succès du projet est mesuré non plus en terme d’économie mais du retour de la vie.

 
Axel Aucouturier architecte paysagiste - Plan masse paysager, Chaos botanique biologique, dessin aquarelle Landes Lanvaux Morbihan 56

“Chaos botanique” / Labyrinthe sauvage

La typologie du labyrinthe porte traditionnellement la main de l'Homme. C'est un espace fortement architecturé et pourtant fantasmé comme un espace toujours naturel, sauvage, non-humain.
Les mythologies antiques et modernes - notamment dans la bande dessinée ou le cinéma - y font résider des créatures monstrueuses, duelles, in-humaines, extra-humaines, sur-humaines.
Le labyrinthe est un élément sacré. Il matérialise la quête d'un individu dans un monde cadré. Il y a un chemin, que le concepteur connaît et que le visiteur ignore.
Comme le suggère Frances A. Yates, le tracé bien défini et parsemé d’éléments idéalisés, rapproche le labyrinthe des contes didactiques et des architectures mémorielles, bien avant l’invention du papier et de nos ordinateurs.
Dans l'histoire du paysage, le labyrinthe est un espace fortement pensé, maintenu, souvent planté et taillé en ligne, mono-spécifique, mono-directionnel - il y a souvent une entrée, un unique objet ou personnage au centre et un seul chemin pour y accéder.
C'est un espace conçu pour que l'humain se perde - en attendant de se trouver - dans les méandres complexes de sa propre expérience.
Notre proposition réoriente la typologie manufacturée du labyrinthe vers un ambition locale : un écosystème naturel, un méandre géologique, un sous-bois dense, une prairie sauvage, etc.
Plus qu'un projet dessiné comme oeuvre d'imagination c'est un projet de rénovation biologique : la biomasse plantée (par duplication, semi naturel ou via des pépinières locales en godets ou semences) est composée à 90% d'espèces indigènes du plateau de Lanvaux.

Concevoir un labyrinthe est un exercice qui se concentre sur la limite : entre le chemin praticable et la paroi infranchissable qui nous fait face. Cette limite, bien nette dans les labyrinthes historiques, peut être haute et ainsi dépasser notre horizon. Notre parcours suit un fil, la haie devient paroi, la plante est un objet. Elle cache le reste de notre propre monde afin de déranger nos sens pour nous concentrer sur les sensations immédiates (la mémoire instantanée, le déjà-vu, un bruit qui trahis notre position dans l’espace, etc).
Dans un espace non (ou peu) anthropisé (la "nature"), la limite entre les éléments est souvent bien difficile à distinguer à l’œil nu. Feuillages, réseaux racinaires, échanges de nutriments, terre/roche, temporalités de l’âge ou des saisons, etc… un écosystème se partage un seul et même espace. Si par soucis de synthèse graphique l’on souhaite matérialiser la limite, ce n’est donc pas par une ligne claire mais plutôt par "sfumato".
Contrairement à un labyrinthe conventionnel, figé dans son aspect et exigeant donc un entretien perpétuel, celui-ci est conçu en respectant les logiques du vivant toujours en mouvement.
Si seul le concepteur et l’habitué connaissent le plan d’un labyrinthe, celui-ci sera pourtant continuellement modifié par les plantes qui disparaissent ou s’y épanouissent. C'est un mystère qui se renouvelle.
Le tracé dessiné disparaîtra donc à mesure que d'autres espèces s'associeront pour former leur propre architectures.

L’index botanique prévoit la plantation de plus de 90% de la biomasse avec des espèces locales (dont certaine sont protégées au niveau national).

 

Relevé entomologique

Relevé (mai 2022) d'une pelouse sèche (terrain d’élevage piétiné) située entre 2 réservoirs (chênaies acidiphiles parsemées de conifères, hêtres et châtaigniers).
Lecture : une couleur par taxon : Coleoptera (scarabées) ORANGE, Lepidoptera (papillons) JAUNE, Brachycera (mouches) VERT, Anthophila (abeilles) BLEU.

Le projet vise à restaurer ce relatif "désert" biologique en corridor écologique (prairie naturelle se développant plus tard en massifs arbustifs).
Le relevé étudie les mouvements de plusieurs taxons d'insectes afin de favoriser le brassage et la migration végétale (modifications climatiques). Les mouvements actuels sont préservés et grâce à la restauration du sol, les insectes sont incités à s’établir durablement sur la parcelle.
Les milieux très divers des landes de Lanvaux ont été préservés de l'agriculture par la pauvreté de leurs sols. Ces espaces constituent aujourd'hui le plus grand réservoir écologique du Morbihan.
Les lignes vertiles ont servies de trame au relevé et inspirent aujourd’hui le calepinage des chemins dans le jardin.

 

Voir d’autres projets :

 

Maison et jardin sous les pins (Vannes)

 

Observatoire ornithologique